NANTES, 8 juillet (Reuters) - La cour administrative d'appel de Nantes a sommé le ministère de l'Intérieur de délivrer un visa d'entrée en France à l'interprète afghan Adib Khodadad, l'une des figures médiatiques des auxiliaires de l'armée française depuis son départ d'Afghanistan, a-t-on appris lundi auprès de la juridiction. Ce traducteur avait servi en 2011 au sein du groupement tactique interarmées français, dans la vallée de la Kapisa, qui était alors "l'une des vallées les plus dangereuses" du pays, avait souligné à l'audience son avocate. Il s'était fait connaître en aidant les personnels civils de recrutement local (PCRL) comme lui à monter un collectif, dans le cadre de leur processus de "relocalisation" dans l'Hexagone après le départ des militaires français. Adib Khodadad avait sollicité en août 2015 un visa d'entrée de long séjour en France, mais s'était heurté à un refus des autorités consulaires. Le tribunal administratif de Nantes lui avait donné raison en mai 2018, mais l'administration avait fait appel de la décision, estimant qu'il pouvait "trouver refuge à Kaboul". L'Etat mettait aussi en avant le fait qu'Adib Khodadad n'avait servi "que cinq mois" auprès de l'armée, qu'il n'avait "pas accompagné" les forces françaises lors de leurs patrouilles dans des villages et qu'il n'avait été "exposé à aucun risque". "Les interprètes comme lui sont considérés comme des traîtres et des espions par les taliban", avait répliqué à l'audience son avocate. "Sa famille a encore fait l'objet en mars dernier d'une attaque ciblée. Lui et son épouse déménagent constamment, leurs enfants sont régulièrement changés d'école, ils vivent dans un stress permanent." "M. Khodadad (...) a joué un rôle important dans la représentation collective des traducteurs afghans souhaitant bénéficier du processus de relocalisation (...), a témoigné dans les médias sous son vrai nom et s'est affiché sur les réseaux sociaux", souligne la cour administrative d'appel de Nantes dans son arrêt, en date du 18 juin dernier. "Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire en Afghanistan observée à la date de la décision contestée et du rôle qu'il a exercé (...), M. Khodadad doit être regardé comme exposé à des risques réels (...) en lien avec son engagement", conclut-elle. L'Etat français devra également verser 1.500 euros à l'interprète afghan pour ses frais de justice. (Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse)
La France sommée de délivrer un visa à un de ses ex-interprètes afghan
information fournie par Reuters 08/07/2019 à 17:09

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